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Chineurs de Rap x NewTone : la sélection de février !

Chineurs de Rap x NewTone : la sélection de février !

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Avec les potos de Chineurs de Rap, on est corda que les chiffres mentent, pas la qualité. Alors chaque mois, on se donne rendez-vous ici pour une sélection faite par leur équipe de diggers ! Découvre ici les 5 sons chinés par Chineurs de Rap ces dernières semaines.

ADM – RAZ DE MAREE SPORTO KANTESQUE

Sélectionné par @valentindlr et voilà ce qu’il en dit :

Il y a quelques semaines le Zin m’a fait passer un morceau, comme on s’en fait passer depuis plusieurs années, quasiment quotidiennement maintenant. Petite surprise : c’est du FR !  A savoir que ce  gros digger n’est pas hyper branché rap FR. Son truc à lui, c’est les hispaniques et la “boombaperie” des enfers. Alors quand je vois qu’il me partage un projet dans la langue de Molière, j’ai cliqué en de-spee, intrigué que j’étais.

Et puis, voilà. La magie. La magie de la digg. La magie du talent. La magie des influences et des refs. La magie de la création. Et la magie de l’inattendu.

ADM, ça sonnait en rien pour moi. Maintenant ça sonnera longtemps dans mes oreilles. ADM c’est ce jeune MC marseillais, fier à en crever de son “13-zéro-zéro-4”, et encore plus fier, à t’en tirer les larmes quand il en parle, de son groupe de potes et de son entourage. “FALZAR” c’est son (leur) dernier album, sorti fin 2023. Un album en guise de parfait CV sur ce qu’est et sera son œuvre : collective et familiale, foutrement protéiforme, profondément émouvante, parfois optimiste et entraînante, parfois consciente et désenchantée, toujours introspective et techniquement taillée au laser. 

ADM et son équipe ont pondu un album où on sent viscéralement ancrée l’envie de mettre tout le monde sur le même pied d’estale. La place donnée aux instrumentales, et donc aux producteurs, est centrale. ADM ne fait jamais à l’économie quand il s’agit de laisser dérouler une prod pendant plusieurs dizaines de secondes. Et à raison ! Tantôt des sonorités bien rap, bien old-school, “simplement” bouclées et agrémentées de kick-snare finement pétillants comme dans “TOUT SIMPLEMENT” ; tantôt des immersions dans des limbes électroniques, à l’atmosphère saturée d’éther, à la couleur rouge carmin et aux synthés tout droit sorti d’un film de SF, comme dans le sublime et intense “RED ALPHA” ; en passant par des distorsions inspirées des plus grand classiques de la trip-hop, mais on y reviendra. Donc, tout d’abord, bravo aux producteurs qui font cet album. Bravo Lotso, KHVMU, NAIRDA, … C’est de l’orfèvrerie !

Si on se concentre sur ADM, le boug a travaillé un flow tout terrain. Ce n’est pas qu’un flow. C’est un instrument particulier et polyvalent qu’il a réussi à maîtriser parfaitement et qui, pour coller à la diversité des prods, est capable de muter pour passer d’une rafale très newgen aux placements toujours impeccables, à une diction détaillée et diablement boom-bap. Aussi, l’artiste n’hésite jamais à pousser la voix avec beaucoup d’humilité et de justesse, dans les effets et l’émotion apportés (que dire de cette conclusion “DEGUN QUI CAPTE”). 

Les textes et les thèmes sont évidemment le reflet de ce que j’écrivais plus haut au sujet de son œuvre. A cela il faut rajouter, des questionnements incessants sur sa vision, son environnement, ses craintes et sa colère. L’engagement à dénoncer l’absurdité du  grand bordel qui nous entoure, s’entrechoque avec la force des émotions qu’il dégage en nous parlant de ce projet collectif qu’ils ont mené, comme un motif d’espoir au milieu du grand bordel justement. 

Pour conclure, j’aimerais vous parler de la culture (Qulture aussi, qu’il a partagé avec l’Apache sur son opus marseillais). Un artiste à la culture musicale diverse et éclectique ne peut que partir avec une longueur d’avance dans ce jeu. Ici, je ne vous présente pas forcément ce qui sera le tube de l’album, mais qui, pour moi, est le morceau qui a fini de me convaincre : “RAZ DE MARREE SPORTOKANTESQUE”. Tout au long de l’album j’ai eu une impression d’entendre des sonorités, à la fois très modernes, mais tirées d’un courant mi-hiphop / mi-électro / mi-toutcequetuveux qui a bercé de nombreux jeunes des années 90’s : la Trip-Hop. Qu’elle ne fut pas ma surprise quand dans les derniers morceaux, ces influences devenaient à la fois beaucoup plus présentes musicalement, mais surtout totalement assumées dans le texte : “J’écoute Portishead et Sporto Kantes et Massive Attack” en guise d’intro de cet énorme banger métallique où un Decepticon pousse la chansonnette ! Alors là, tu me parles ADM ! Et pas qu’un peu. Citer trois des cinq plus grands groupes de trip-hop du monde … PFFF ! Je suis comblé. C’est trop. Un son, que Massive Attack n’aurait sûrement pas renié tant cette espèce de jeu sonore de massacre de robots d’acier, colle au style de leurs dernières sorties. Mille bravo pour les refs. Comble de la fan attitude, ce petit “Hey Leroy!” posé en petite cerise sur le gâteau, et gimmick légendaire du tube “Lee” de Sporto Kantes. 

Bref, ADM même si je veux bien te croire qu’il y ait “DEGUN QUI CAPTE”, j’espère qu’on aura quand même un poil capté. Toi tu nous auras capté en tout cas ! 

FEEL – Since way back

Sélectionné par @bogoss2tess et voilà ce qu’il en dit :

EL’NOUR est mon premier coup de cœur du mois de février. Lassé du mimétisme des artistes auxquels j’étais exposé, j’ai retrouvé avec son premier EP, Le sourire des miens, une proposition véritablement singulière. Le projet nous plonge dans une atmosphère feutrée, douce et embrumée, qui laisse pleinement s’exprimer les nombreux instruments qui accompagnent les productions variées. Le rappeur impressionne par la qualité générale de ce premier projet, dont l’esthétique tant visuelle que musicale est particulièrement soignée, comme le prouve le clip de “J’ai croisé le diable”, qu’on vous partage ici. 

Autre point marquant : l’éclectisme qui caractérise le projet. EL’NOUR alternant sans difficulté entre rap poétique et chant vibrant, avec une influence jazzy et rnb/soul sous-jacente. Armé d’une nonchalance qui fait mouche sur ce type de sonorités, l’artiste nous invite à découvrir un univers déjà très étoffé, qu’on a déjà hâte d’explorer sur de futures sorties ! 

YOSEF HERMES – JEUNE POUSSE

Sélectionné par @bogoss2tess voilà ce qu’il en dit :

C’est en avril 2023 qu’un contributeur du défunt groupe Chineurs de Rap avait partagé une chinerie nommée “Aphone” de Yosef Hermes. On avait reproché au rappeur des multisyllabiques forcées. Mais on pouvait présager de beaux projets à l’avenir, car pour un tout premier single, on a déjà vu bien moins réussi. Et effectivement quand arrive le 1er EP du jeune (PROTHESE), on sent le cran supérieur. 

Moins d’un an plus tard, il sort son second EP (LE MESSAGE LE DISCIPLE), et là, on a affaire à un artiste qui a pris de la bouteille. Avec “Jeune Pousse” en guise d’ouverture, Yosef Hermes montre une technique plus souple, un flow flottant entre nonchalance et sc

Les références ont, pour leur part, différents niveaux d’accès. Explicites quand il cite M. Puccino : “Seule dans la chambre comme l’enfance d’Oxmo, des bas-fonds ou des quartiers neufs.” ou de manière plus “suggérée/implicite” lorsqu’il reprend une tournure de phase d’Alpha Wann : “Le son pousse dans cette douce transe” / “Pleine vitesse j’vais pas gaspiller l’fuel”. Les prods ont de leur côté une forme assez singulière, du moins peu entendue (à mon grand regret) dans le paysage rap francophone. Merci 6killz pour cette fraîcheur.

JohnFuck*ngNada – Body Snatcher

Sélectionné par @valentindlr et voilà ce qu’il en dit :

Découvert au tournant d’une écoute algorithmique, ce jeune MC m’est d’abord apparu sous le nom de FFO RION. Je suis tombé sur un projet en commun avec un boug qu’on suit beaucoup chez CDR : PAPI TeddyBear. Ce projet nommé “3TROIS” sorti l’été dernier, a attiré mon attention, notamment grâce à l’intervention de Tisma, un autre MC qui semble ultra équipé lui aussi, et la performance enragée de FFO RION. Beaucoup d’attitude et beaucoup d’implication dans un égo-trip qui semble être sa signature et qui s’emploie à démonter dans les règles de l’art la concurrence. 

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C’est pour ce coté branleur assumé et assuré, couplée à une technique vraiment bien posée, que je suis allé explorer les autres productions du brigand et de son acolyte Tisma. Chanceux que je suis, une sortie commune d’un EP de 3 titres, “BAREFOOT”, avait été lancée en fin d’année dernière ! Un trois titres où mes premières impressions s’avèrent s’inscrire dans une continuité : encore de l’impertinence à foison, ainsi que du charisme dans les attitudes et les flows ! 

Puis, tout récemment FFO RIO a muté. Il a muté en une autre entité pas forcément moins pourvue en attribut égocentrique : le jeune MC s’appelle désormais JohnFuckingNada et vient tout juste de sortir un album nommé “Grandeur”. La recette ne change pas beaucoup mais est toujours impactante et troublante d’efficacité ! Ici, on vous présente l’intro de cet EP qui est pour moi le morceau le plus classieux du projet et qui vient un peu en rupture avec le rythme effréné des autres tracks. Ambiance feutrée et vaporeuse, ultra jazzy, cuivres obligent, néon rouge tamisé et cuire décrépi. Beaucoup de groove dans la manière de rider ça. A certains moments, j’entends du Jack Furaxx à l’époque de ces sorties “Cafards” et “Bercé par les raisins”. Des belles inspirations pour sûr !

Keeqaid – OH NO + FOCUS

Proposé par Tito, et voici ce qu’il en dit :

Chez CDR, on est pas toujours très fan des trends musicales lancées par tiktok, tu connais on a une identité underground à défendre haha mais on doit dire que la hype en cours pour le titre “OH NO” de Keeqaid a fait mouche.

Le jeune rappeur d’Ile de France n’en est pas à son coup d’essai. Il avait en effet déjà bien fait parler de lui il y a quelques mois avec son freestyle Sponge et quelques autres sorties. Mais sa carrière est en train de prendre une autre ampleur ces dernières semaines, grâce aux réseaux donc, mais surtout grâce à un style super rafraîchissant et diablement efficace. Surfant sur la vague Jersey Drill et autres styles très rythmés à la limite de l’électro, il a réussi à créer sa propre niche.

Seafood Sam – Can’t Take the Hood to Heaven

Sélectionné par @hhjunkie voilà ce qu’il en dit :

Le rappeur de Long Beach Seafood Sam a révélé les deux premiers extraits de son prochain album, Standing on Giant Shoulders, dont la sortie est prévue le 19 avril, parmi lesquels “Can’t Take the Hood to Heaven”, qu’on vous présente ici. Avec une esthétique West Coast très posée, le rappeur offre un titre réfléchi, sur lequel il décrit ce qui est lui est important dans la vie, comme un message positif adressé à son fils, selon ses propres termes. La production riche fait la part belle aux instruments élégants, de la harpe, des cordes et cuivres, rappelant les classiques de la soul, genre cher au rappeur dont la musique en est fortement influencée.

Avec ce morceau, Seafood Sam parvient à faire des ponts générationnels en ayant recours à pléthore d’instruments qui amènent des sonorités très organiques, tout en apportant une touche de nonchalance pour le moins contemporaine. Le cocktail est détonnant ; le morceau dégage une légèreté et une positivité qui font du bien en ces temps troubles, et qui sauront nous accompagner tout au long du printemps. 

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