Avec les potos de Chineurs de Rap, on est corda que les chiffres mentent, pas la qualité. Alors chaque mois, on se donne rendez-vous ici pour une sélection faite par leur équipe de diggers ! Découvre ici les 5 sons chinés par Chineurs de Rap ces dernières semaines.
LE DERNIER PARISIEN X DJ PER-K – Deuil au soleil
Sélectionné par @valentindlr et voilà ce qu’il en dit :
Ça fait longtemps qu’on veut vous parler du Dernier Parisien. Découvert grâce au grand Gizo Evoracci, dans un feat de gangster à l’atmosphère Pigallien sur l’album Cotton Gin Blues de Gizo, nous avons aussi été touchés par un morceau qu’il nous avait relayé sur Groover l’année dernière. Un morceau à l’instru électro, dans un filon que n’aurait pas renié Odezenne, qui nous avait touché par l’histoire qu’il nous contait. L’histoire d’une jeune femme qui n’Aimait pas les Dimanches Soirs, qui nous remuait par la simplicité des mots employés pour exprimer des sentiments un peu méditatifs et mélancoliques par lesquelles nous sommes tous un peu passés, un dimanche soir par exemple.
Ces deux morceaux marquaient aussi un truc assez net chez le MC : une capacité naturelle à évoluer sur plusieurs registres, de l’électro-rap, voire la hip-house en passant par un truc un peu plus pop, jusqu’à un une vraie aisance dans le old-school, bien boombap, bien kické et bien samplé ! Une palette extra large, servi par à un flow calé au millimètre et une voix placée dans les graves qui ne bronche jamais et qu’il n’hésite jamais à faire chanter avec brio ! En explorant l’univers de l’artiste, on a pu entendre beaucoup de très belles choses. Des choses qui se baladent entre les cuivres d’une instru minimaliste mais diablement efficace et la présence forte d’une prodd très organique et colorée comme dans “Pendentif”.
Avec sa dernière sortie de mars dernier, l’EP “Le poids de l’air”, le Dernier Parisien conforte une tendance qu’il semble avoir pris depuis quelques sorties et depuis son EP “Des truffes et des filets de bar” : l’envie de creuser le filon oldschool et boombap, cher à nos oreilles de chineurs, comme vous le savez. Et c’est une vraie réussite ! Si je passe sur la qualité de son EP de gourmet, ce dernier de 2024 est un triptyque où ca ‘flex’ à mort (oui j’ai 30 ans, alors j’utilise ‘flex’ sans vergogne). Le MC nous amène tantôt dans une atmosphère scintillante et aux violons optimistes, tantôt dans une ambiance nocturne et éthérée où les cuivres déchirent l’instru. De manière générale, on sent dans le projet des influences cinématographiques fortes qui viennent aussi habiller les trois clips des titres de l’EP. Le tout servi par une technique aiguisée, des textes ultra bien posés et à l’égo-trip subtil.
On espère que ça vous parlera autant qu’à nous ! Bonne écoute chers chineurs.
APOLLO – PRÉFACE
Sélectionné par @valentindlr et voilà ce qu’il en dit :
La chinerie ça a ça de bon. Ca de bon lorsque de jolies objets sonores te pop dans les oreilles comme ça, un mardi à 15h39, lors d’une aprem de disette intellectuelle et musicale. Et c’est alors un bonheur immense quand des jeunes MC comme ce cher Apollo, jeune sétois fier de sa Venise du Languedoc, nous délivre un premier album au boom bap léché, à la culture rap prononcée et à l’envie de kicker peinard.
On découvre, donc, ce jeune sudiste qui prolonge la bonne habitude qu’ont certains à rappeler d’où il viennent et à rendre hommage à ceux qui les entourent. On devine une envie de rendre ce projet rap collectif, d’y inclure une notion de partage afin de donner une dimension plus large que simplement celle du premier projet d’un jeune artiste : il y a l’envie de se faire kiffer en rendant fier les siens et en incluant les proches dans le processus qui a amené à la création de ce bel objet ! A la manière d’un ADM à Marseille, et ça, on aime vraiment beaucoup.
Il y a aussi, malgré le jeune âge, une vraie technique et une attitude déjà bien présente. Le projet est assumé à 200% et ça se ressent ! On aime aussi l’univers bien décalé, limite jobar qui est introduit de manière subtil dans le morceau Trajet Sète/Lyon. L’égotrip léger et heureux de De Rien nous réjouit et on aime profondément la façon d’introduire et de gérer les intermèdes non-musicaux aux morceaux, pour rajouter du corps aux histoires racontées. On a parfois l’impression d’être face à un Chester ou certains morceaux de Hocus Pocus. C’est souvent touchant (magnifique Ciel Bleu) et toujours juste !
Bref un très bon moment de rap ! Merci Apollo !
SECRO STAR – LAISSE PASSER
Sélectionné par @hhjunkie voilà ce qu’il en dit :
Les auditeurs ayant poncé en long en large et en travers le rap français sont peut être malgré tout, comme moi, passés à côté de ce Secro. Détecté sur la mixtape “Le Temps de L’indépendance Part. I”, que je vous recommande fort d’ailleurs, le rappeur du Val d’Oise a de la bouteille. Chez CDR, on sait séparer le bon grain de l’ivraie. Secro fait définitivement partie de ces artistes à la plume acérée, franche, sans superflus et intrinsèquement authentique. Dans “Laisse passer”, les assonances en “-i”et “-eille” s’enchaînent. La boucle bien mélancolique et organique de Nat permet de donner d’autant plus une identité triste et profonde au verbe de Secro. Ce n’est pas pour autant que ces phases transpirent des formules dites et redites, qu’elles soient naïves ou faussement dans la controverse. Ses propos sont savamment dosés, à base de piques par ci par là bien senties, de références de fin connaisseur et d’images parfaitement pensées.
BEAMER – ALLÔ
Sélectionné par @bogoss2tess et voilà ce qu’il en dit :
Un temps absent des plateformes, ou du moins avec des sorties beaucoup plus sporadiques que ce à quoi il nous a habitués sur la période 2020-2022, Beamer semble avoir fait le plein d’inspiration. Le rappeur self made membre du collectif 8848 Summum Klan, aux côtés de JMK$, Caspi et Juni Qwano, nous a offert pas moins de trois titres cet été, dont l’excellent “Allô”, qu’on vous présente aujourd’hui.
L’été est une période plutôt calme pour les sorties musicales et quelle ne fut donc pas ma surprise de voir apparaître sur mon feed Spotify ce titre, ce qui laisse déjà présager d’une envie de Beamer d’aller à contre courant des codes de l’industrie. Second constat : il dure plus de 7mn, un format long qui se perd et que je n’avais plus vu depuis des années, à l’époque où je saignais Guizmo, fervent défenseur des titres longs ultra narrés.
Ici, Beamer nous livre son manifeste : un titre introspectif où l’artiste semble s’adresser à lui-même pour faire le constat d’un environnement qui le dépasse et redéfinir des ambitions plus grandes que jamais. Ici, pas de refrain, de toplines élaborées, de gimmicks superflus. Beamer revient aux fondamentaux en posant un rap épuré bourré de références populaires qui replace le curseur sur l’art de la rime. On ne peut que valider et on a hâte de découvrir ce que nous réserve Beamer pour la suite !
FAVARO – BODYGUARD
Proposé par bogoss2tess, et voici ce qu’il en dit :
Si on aime la chinerie c’est exclusivement pour des cas comme celui-là ! En début d’année, Favaro sortait avec son collègue SIN un premier projet à la richesse et maturité déconcertantes. Inversement proportionnel à leur temps de présence dans ce jeu, leur talent est immense. S’il y a déjà beaucoup d’éclectisme et d’attitude dans les sonorités ridées, on vous partageait alors leur envoûtante et bangerisante interprétation de l’évidence.
7 mois plus tard, alors qu’on dépérissait dans un climat morose en quête de chineries à nous mettre sous la dent, Favaro a remis le couvert avec la sortie de “Bodyguard”, toujours suivi de son comparse SIN à la prod. Un track explosif ultra entraînant et entêtant avec cette instru au sample divinement old-school qui est une énième invitation à la ride. On regrettera que ce soit si court tant l’ambiance laid-back nous prend immédiatement, mais on se rassurera en se disant que cette parenthèse estivale n’annonce que du bon pour la suite.
Bonne écoute mes chineurs !
MALZ MONDAY – CREAM
Sélectionné par @bogoss2tess voilà ce qu’il en dit :
es dernières années, Malz Monday a su s’imposer comme un étoile montante du paysage rap US. Salué pour la qualité de sa plume, avec des textes introspectifs et qui pointent du doigt les travers d’une société en perdition, il joue de son timbre si particulier pour affirmer une authenticité brute.
Sa dernière sortie en date, “CREAM”, qu’on vous présente ici, synthétise ce pour quoi on apprécie autant cet artiste. L’instru jazzy est douce à souhait, elle met en exergue le phrasé si singulier de Malz qui articule chaque phase entre egotrip et introspection avec clarté. Un retour aux origines du hip hop qui fait du bien.
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